Il y a une chose que le virus Covid 19 met en exergue depuis quelques semaines dans notre monde occidental, c’est notre peur de la mort. Avec les progrès de la médecine, les évolutions technologiques, une alimentation équilibrée et tout un tas de mesures destinées à améliorer notre sécurité, notre espérance de vie est de plus en plus longue.
Prolonger notre vie part d’un bon sentiment. Nous avons eu tendance à pester sur les différentes mesures prises au cours des dernières décennies concernant la sécurité routière. Mais dans ce domaine les résultats sont là et on ne peut pas reprocher au gouvernement de vouloir diminuer le nombre de familles touchées par un accident de la route. Concernant la médecine, elle guérit de plus en plus de maladies et les taux de guérison de certains cancers sont en constante augmentation.
Ainsi, de moins en moins confrontés à la mort, nous avons tendance à en oublier sa présence. Mais elle est là, elle nous attend tôt ou tard. Le plus tard possible me direz-vous! En êtes-vous vraiment sûr? Qui a envie de finir ses jours dans un EHPAD avec des facultés physiques et intellectuelles réduites, voire même sans ne plus reconnaître vos enfants ni ne savoir qui vous êtes? Pourtant, si vous ne mourrez pas d’une maladie ou d’un accident, c’est ce qui vous attend en France car pour le moment l’euthanasie y est interdite. D’autres pays ont légiféré différemment. Le notre a encore peur de la mort. Pourquoi cela? Parce que parler de la mort, c’est parler de la vie. Parler de la vie, c’est y trouver un sens. Et dans notre pays laïque, donner un sens à la vie est du ressort des religions et non pas du ressort de l’Etat. Vous me trouvez trop dur avec l’Etat qui fait tout son possible pour sauver des vies sur la route et dans les hôpitaux. C’est parce que j’aimerais qu’il y ait autant d’argent dépensé dans la prévention des suicides qu’il y en a dans la prévention des accidents de la route. Pourtant, il y a dans notre pays plus de mort par suicide qu’il n’y avait de morts sur la route il y a vingt ans et rien n’a était fait pour diminuer ce nombre. Pourquoi cela? Pour la même raison que pour l’euthanasie. Parler du suicide c’est parler de la mort, et parler de la mort c’est parler du sens de la vie.
Nous vivons donc dans un pays qui fait beaucoup pour nous sauver de la mort mais qui a du mal à en parler. Mais sommes nous différent? Avez-vous déjà beaucoup discuté en famille ou avec des amis de la mort et du sens de la vie? Nous sommes souvent laissé seul face à nous même sur ce sujet. Dans le passé les gens se tournait vers la religion pour essayer d’avoir des réponses à leurs questions. Mais qui a envie de se tourner vers les religions de nos jours? Alors, on essaye de s’abriter derrière notre raison scientifique ou notre croyance personnelle pour ne pas avoir peur de la mort. Mais avec la propagation du covid-19, voyez comme notre raison et notre croyance vacille. A la moindre variation de température car on a attrapé froid la veille, au moindre mal de tête car on dort mal depuis des jours ou au moindre éternuement car on a respiré du pollen, nous avons beau nous raisonner, voyez comme le doute s’insinue en nous. Est-ce la peur de la mort? Non, c’est notre instinct de survie qui nous alarme. Dans l’admiration que nous avons pour notre civilisation, nous avons oublié que nous étions des animaux et tout comme eux nous possédons un instinct de survie et un instinct de reproduction. C’est également cet instinct de survie, moins raisonné chez certains qui les pousse à se battre pour du papier toilette en grande surface.
Si nous avons toujours cherché à ignorer le sujet de la mort, le covid-19 nous oblige à nous poser les bonnes questions désormais. Qu’est-ce qui est important dans notre vie? Nous avons toujours eu tendance à suivre le mouvement qui nous a été impulsé par la société, par les religions, par la tradition, par les us et coutumes… Mais vivons nous vraiment la vie que nous souhaitions avoir? Pire, vous imaginez-vous vivre quotidiennement avec un masque et des gants par peur d’attraper le prochain virus? Vous imaginez-vous vivre sans pouvoir embrasser vos enfants et votre conjoint de peur de les contaminer en rentrant du travail? Ces questions là rejoigne celles du sens de la vie. La vie vaudrait-elle le coup d’être vécu dans ces conditions là? En prenant en cause de telles considérations, on constate que la décision de certains pays de ne pas confiner leur population n’est pas si absurde. Elle vous semble certainement très dure et très injuste car de nombreuses personnes innocentes vont mourir. C’est malheureusement la sélection naturelle chère à Charles Darwin qui se met en place. Mais notre peur de la mort ne doit-elle pas cesser un jour si nous voulons vraiment vivre? Peut-on vivre confiné à chaque fois qu’un nouveau virus verra le jour? Plus il y aura d’humains sur terre, plus les risques de nouveau virus seront élevés. Plus le réchauffement climatique sera important et plus les risques de résurgence d’anciens virus congelés dans le permafrost seront élevés.
Il n’y a donc pas d’autres solutions que celle d’accepter l’inévitable.
Ce n’est pas que notre vie prenne fin un jour dont nous devons avoir peur mais de ne pas avoir vécu la vie que nous souhaitions avoir. Alors retroussez vos manches et commencez à vivre au lieu de suivre.