Lorsqu’on nous demande qui nous sommes, nous avons le réflexe matérialiste de nous décrire en terme physique et en terme de trait de caractères. Mais en fait à la source de cela, nous ne sommes qu’émotions. En ce qui concerne notre physique, nous nous trouvons trop gros, trop maigre, trop grand, trop petit, nous n’aimons pas certaines partis de notre corps… De même, nos principaux traits de caractères ont été forgé par notre façon de gérer nos émotions dans les évènements de notre vie.
Quand nous prenons conscience de cela, nous faisons un premier pas dans le monde spirituel et nous découvrons que nous sommes autre chose que ce que la société matérialiste attend de nous. Cette découverte, parfois tardive pour certains (mais mieux vaut tard que jamais) nous invite à réagir différemment aux événements parfois difficiles et douloureux auxquels nous sommes confrontés. S’engager sur une voie spirituelle, c’est accepter de changer notre vision du monde et notre façon de nous comporter pour notre propre bien-être. La clé de base, à comprendre et à accepter, c’est que nous ne pouvons pas changer le monde. Par contre, nous pouvons changer notre façon de percevoir le monde et commencer ainsi sans nous en apercevoir à changer nous-mêmes. Au plus nous serons à le faire et meilleur le monde se portera.
Afin d’étudier comment accepter ce changement à travers des exemples plus concrets, j’ai choisi des citations assez parlantes pour ceux qui sont déjà sur le chemin mais parfois obscures pour ceux qui ne l’ont pas encore emprunté ou qui se sont trompés de chemin.
« Le courage, c’est quand on a peur mais qu’on y va car même. » Neil Gaiman
A la lecture d’une telle citation, notre réflexe est d’associer les mots « courage » et « peur » avec le mot « danger » et de considérer que les gens courageux sont ceux qui exercent des métiers dangereux. Du coup, nous considérons que le courage, c’est être dompteur de lions, pompiers, reporters de guerre… Certes, ces personnes là ont eu peut-être à vaincre leur peur les premières fois. Mais depuis longtemps ils exercent leur métier sans peur sinon ils n’en seraient pas capables. Il n’y a donc plus de notion de courage pour eux quand ils partent au travail.
Cette émotion qu’est la peur nous bloque et nous empêche dans beaucoup d’actions de notre quotidien. Par exemple, regardez combien d’entre-nous sont incapables de dire certaines choses à leur patron, par peur de lui, par peur de licenciement, par peur de représailles morales… Même avec nos amis ou notre famille, nous avons parfois peur de dire les choses de peur que nos mots leur fassent du mal ou qu’ils nous en veuillent de leur avoir dit ce que nous avions à leur dire. La peur du futur, la peur de manquer d’argent peuvent nous paralyser dans le présent et nous empêcher de nous épanouir pleinement pour que nous puissions dire être pleinement heureux.
« J’ai appris que le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre. » Nelson Mandela
Cette citation de Nelson Mandela complète celle de Neil Gaiman. Tous deux nous invitent à vaincre nos peurs en osant dire et faire les choses. Ce n’est pas toujours facile et c’est pourquoi il nous faut du courage. Parfois, une simple prise de conscience nous y aide, d’autres fois l’aide de proches est nécessaire. C’est en osant affronter nos peurs que petit à petit elles disparaîtront. Alors, tout comme le dompteur, le pompier ou le reporter de guerre, nous n’aurons plus besoin de courage car nous n’aurons plus peur. Mais attention, l’absence de peur n’évite pas le danger!
Après la peur, étudions des émotions contraires que sont la souffrance et le bonheur à travers cette citation d’Osho.
« Si tu souffres, c’est à cause de toi, si tu te sens bien, c’est grâce à toi. Personne d’autre n’est responsable, seulement toi et toi seul, tu es ton enfer et ton paradis aussi. »
L’erreur classique à la lecture de cette citation est de penser aux pires souffrances, les camps d’extermination, les enfants martyrs, les femmes battues, et de s’indigner sur les propos de cette citation. Hors, le lecteur ayant cette compréhension du texte oublie que cette citation lui est destinée. Elle fait référence à ses souffrances et à son bonheur de la vie courante et non pas aux souffrances du monde entier. Avant de commenter plus, je pense que les traducteurs de Osho (qui est indien) auraient du utiliser les mots suivants. « Si tu te sens mal, c’est à cause de toi, si tu te sens bien, c’est grâce à toi. » Cela aurait permis de pondérer la part de souffrance et la part de bonheur de la même phrase. Quelles sont donc les souffrances classiques auxquelles nous sommes confrontées? Les plus usuelles sont la mort d’un proche, la rupture amoureuse avec adultère, le harcèlement moral au travail…
La mort d’un proche est toujours difficile à vivre même si on s’y est préparé. Voir nos parents mourir de vieillesse est quelque chose que nous vivons plus facilement car c’est dans la logique des choses. Avoir un conjoint, un membre de la famille ou un ami proche, qui décède d’une maladie est plus compliqué. C’est une page de notre vie qui se tourne et nous avons du mal à la tourner. Si une telle personne, voire même un de nos enfants décède brusquement dans un accident, c’est la stupeur, l’incompréhension et la douleur qui s’empare de nous. Comment ne pas être dans un état de souffrance intense dans un tel cas. La citation d’Osho ne nous dit pas qu’il n’est pas bien de souffrir dans ces cas là, elle nous indique seulement que nous sommes les seuls responsables de notre souffrance. Rien ne sert de blâmer Dieu, la vie, la mort, la maladie, le responsable de l’accident… cela ne fera que rajouter de l’huile sur les braises de notre souffrance. Si nous voulons sortir de cet état de souffrance intense, il est nécessaire d’orienter rapidement notre regard vers des choses positives. Se rappeler les bons moments que nous avons passé avec la personne décédée pour la garder dans notre coeur, mais aussi tourner l’attention que nous portions sur cette personne vers une autre personne de notre entourage. Combien de parents ayant perdus un enfant et assommés par leur souffrance n’arrivent plus à donner d’amour à leurs autres enfants? N’oubliez jamais que ce n’est pas nous qui devrions pleurer, c’est la personne qui nous a quitté. Nous ne passerons pas de la souffrance au bonheur en un instant, mais nous sommes bien les seuls maîtres de notre enfer et de notre paradis.
La rupture amoureuse avec adultère fait souffrir de nombreuses personnes et pour certaines personnes cela arrive même plusieurs fois dans leur vie. Il est clair que quelqu’un qui ne souffre pas du tout d’une telle rupture est quelqu’un qui n’aimait pas vraiment son conjoint. Ainsi donc, là aussi, la souffrance est tout à fait normale. Dans cette souffrance, il y a deux réactions possibles. La première est de laisser éclater sa colère, d’en vouloir à mort à la personne adultère et de la blâmer de tous les maux. Mais croyez-vous qu’une personne vraiment amoureuse ferait cela? Etait-ce bien de l’Amour que vous ressentiez ou de la possession? Cette réaction qui peut être vue comme un réflexe de défense dans un premier temps doit rapidement s’orienter vers des pensées positives si vous ne voulez pas sombrer dans une spirale infernale. Si vous aimiez réellement cette personne, vous devez au contraire vous réjouir qu’elle puisse être heureuse avec quelqu’un d’autre. Quant à vous, si vous avez été fidèle depuis le premier jour, vous devez saisir l’opportunité d’être libre de rencontrer quelqu’un qui soit comme vous et qui vous corresponde mieux. C’est dans votre façon de réagir à cet événement que vous créerez votre propre enfer ou votre propre paradis.
A la lecture de ces deux exemples, il devient plus facile de comprendre la citation d’Osho. Ainsi, si nous reprenons les exemples d’intenses souffrances subies par les personnes en camps d’extermination, par les enfants martyrs ou par les femmes battues, Osho ne dit pas que ses personnes sont responsables de leur souffrance mais que c’est la façon dont elles réagiront à ses souffrances qui créerons leur propre enfer ou leur propre paradis.
Pour conclure notre étude sur les émotions qui nous gouvernent, analysons cette citation du célèbre romancier français Marc Lévy.
« On peut blâmer son enfance, accuser indéfiniment ses parents de tous les mots qui nous accablent, les rendre coupables des épreuves de la vie, de nos faiblesse, de nos lâchetés, mais finalement on est responsable de sa propre existence. On devient qui l’on a décidé d’être. »
Une lecture non spirituelle de la citation fait s’offusquer certains qui nous rétorquent que nous ne pouvons pas considérer les enfants battues comme responsable de leur sort. Là aussi, plutôt que de chercher en quoi la citation s’applique à eux, ces personnes vous sortent un contre exemple. Il est sûr que si nous ne cherchons pas le chemin, nous ne pouvons pas le trouver.
Dans sa citation, Marc Lévy va bien plus loin qu’Osho car il y aborde frontalement la culpabilité. Combien de fois n’avons nous pas essayé de mettre sur les épaules d’un autre notre propre culpabilité? C’est certainement l’émotion que nous avons le plus de mal à accepter alors par une pirouette nous essayons de nous en débarrasser. Mais pouvons-nous avancer dans la vie sans être responsable de nos actes? La culpabilité n’est pas seulement négative, elle est également positive dans les actes réussis de notre vie. Nous ne pouvons pas accepter d’être responsable de nos réussites et reporter la responsabilité de nos échecs sur les autres. Effectivement, les évènements de notre enfance, l’éducation de nos parents, l’amour qu’ils nous ont donné ou qu’ils nous ont refusé ont forgé notre caractère. Il est vrai que certains d’entre-nous ont eu une enfance difficile. Mais nombreux aussi sont ceux qui ont puisé dans la difficulté la force de s’en sortir. Ce n’est jamais facile, il y a des succès et il y a des échecs. Mais rejeter ses échecs sur les autres n’a jamais aidé personne à progresser. Comme le dit Nick Vujicic dans ses vidéos, peu importe le nombre de fois où vous chuterez, l’important est de toujours essayer de vous relever sans jamais abandonner. C’est dans la force que nous avons en nous même que nous devons puiser pour nous relever de nos échecs. Blâmer les autres ne vous aidera jamais à vous relever. Il faut donc accepter la pleine culpabilité de nos actes et toujours chercher à nous améliorer. Ainsi nous deviendrons responsable de notre propre existence, nous deviendrons qui nous avons décidé d’être.
Voilà un petit aperçu de certaines émotions qui nous gouvernent. Bien sûr, il y en a plein d’autres. Je vous invite à vous interroger à chaque instant de la vie sur l’émotion qui a guidé votre choix et vous prendrez pleinement conscience que nous ne sommes qu’émotions…